Le cinéma de genre a-t-il un avenir en France ?
Le cinéma de genre est un sujet qui fait beaucoup débat chez les cinéphiles et les professionnels de l’industrie du cinéma. Si tout le monde s’accorde à dire que les films du genre sont pour la plupart appréciés du grand public, tous ne sont pas d’accord sur la définition claire à donner au cinéma de genre ni sur les raisons de son absence dans le paysage culturel français. On voulait donc prendre le temps de revenir sur ce phénomène des films de genre et sur l’avenir potentiel de ce type de cinéma dans la production cinématographique hexagonale. Vous êtes prêts ? On vous dit tout !
C’est quoi le cinéma de genre exactement ?
Le cinéma de genre, pour en donner une définition la plus universelle possible, consiste en une typologie de films qui se construisent et se vendent auprès du public autour de gimmicks très précis, les rattachant de fait à un genre cinématographique majeur. On peut ainsi parler de films d’action, de films catastrophe, de films de science-fiction, de films de guerre, de films d’espionnage ou de films d’horreur pour ne citer qu’eux.
Le cinéma de genre est par extension un cinéma populaire, que l’on oppose alors à un cinéma plus élitiste qui se réclame d’être un cinéma d’artiste. Les films de genre peuvent donc être associés à un cinéma plus populaire dont certains considèrent que l’on aurait ôté toute forme d’ambition artistique ou narrative. Cette définition du cinéma de genre comme celle d’un cinéma bis pose de plus en plus problème à mesure que des cinéastes biberonnés aux films de genre arrivent à des grands postes dans l’industrie du divertissement. Aujourd’hui, certains grands films de genre et cinéastes spécialisés sont érigés au rang d’artistes accomplis au même titre qu’un François Truffaut ou un Stanley Kubrick.
La définition du cinéma de genre est donc mouvante et les films de genre sont essentiellement définis à travers leur époque.
Un désamour du public français pour le cinéma de genre ?
Si la définition du cinéma de genre n’est pas claire à la base, elle pose encore plus de problèmes en France, pays à l’origine de l’art cinématographique, où la production d’un cinéma d’exploitation n’est pas la norme. Contrairement à d’autres pays tels que l’Espagne ou le Royaume-Uni, la France n’a pas du tout intégré le cinéma de genre dans sa production audiovisuelle nationale. En effet, là où l’Espagne peut se targuer d’être à l’origine des plus beaux films d’horreur de ses 20 dernières années (Mama de Andrés Muschietti, Les Autres de Alejandro Amenabar ou L’Orphelinat de Juan Antonio Bayona) et le Royaume-Uni d’avoir produit plusieurs films d’horreur populaires (28 jours plus tard de Danny Boyle, La Dame en Noir de James Watkins et Shaun of the Dead de Edgar Wright), la France semble se cantonner à deux genres cinématographiques : la comédie populaire d’un côté, et le drame de l’autre.
Or, la où l’on pourrait se dire que cette non production vient du fait que le public français n’aime pas ce genre de cinéma, reste que les films de genre étrangers distribués en France fonctionnent à merveille. Le public français est d’ailleurs si affamé de films de genre qu’un festival a été mis en place uniquement pour mettre ce genre d’œuvres en avant, il s’agit du Festival international du Film fantastique de Gérardmer. Or, malgré cet engouement du public pour les productions sortant du carcan habituel des films français, reste que très peu de studios en France s’autorisent à produire ce genre film. De plus, ces studios ayant la main mise sur les distributeurs, le peu de films de genre produits en France n’arrive pas à trouver de distributeurs et donc n’arrive pas à toucher un large public.
Vers une percée du cinéma de genre en France ?
Malgré ce constat, reste qu’il est permis d’espérer quant à l’avenir du cinéma de genre en France. En effet, récemment est sorti le film Dans la Brume qui, s’il était produit conjointement avec le Canada, a connu tout de même un vrai succès d’estime en France de la part de la critique professionnelle et du public.
Face à cela, beaucoup d’internautes ont exprimé leur mécontentement de ne pas voir plus de films de ce genre sortir en salle en France. Cette grogne populaire s’ajoute en plus à un constat qui est sans appel : les Français ont les compétences techniques de réussir ce genre de films. En effet, alors que la France compte parmi les meilleures écoles d’infographies 3D au monde. Les studios tels que Pixar, ILM et Weta s’arrachent les élèves français qui sortent de ses écoles et la France subit une fuite des cerveaux qui s’expatrie donc aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande.
Certains cinéastes francophones sont également reconnus dans d’autres pays pour leur talent à la réalisation de films de genre. C’est notamment le cas d’Alexandre Aja, réalisateur de La Colline à des Yeux, de Xavier Gens, réalisateur de Hitman, de Christophe Gans, réalisateur de Silent Hill et de Pascal Laugier, réalisateur de Ghostland. S’ils apprécient de voir leur travail reconnu outre-Atlantique, il est clair que ces auteurs de cinéma de genre aimeraient mieux voir leur pays d’origine s’investir dans la production de films de genre pour ainsi mettre leur talent à contribution. Certains cinéastes tels que Christophe Gans arrivent à bousculer l’industrie en produisant des films tels que La Belle et la Bête, mais cela reste peu en comparaison d’autres cinémas qui trustent nos salles.
Vous l’aurez compris, le cinéma de genre est un vrai sujet de débat dans le paysage cinématographique français. De nombreux spécialistes s’accordent à dire que les jeunes cinéastes débutants de ces dix dernières années arrivent avec des bagages de références piochées dans le cinéma de genre et qu’ils devraient donc « genrifier » le cinéma français. Reste à voir si les films de genre produits en France trouveront leur public et remporteront le même succès que leurs homologues étrangers. Surement cela prendra-t-il du temps, mais tout vient à point à qui sait attendre !